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jeudi 30 juin 2016

Aussi loin que porte la plaine


Aussi loin que porte la plaine
Jusqu’au bord des rives du temps
Attirés par l’eau des fontaines
Je regarde venir les éléphants

Ils arrivent par cent détours
D’anciennes fermes de labour
Des champs de gaz et de bitume
Qui crachaient du feu dans la brume

Ils ont repris leurs noms de guerre
Et changé leurs charrues en sabre
Ils donneraient l’or des rivières
Pour l’eau d’un puits, l’ombre d’un arbre

Aussi loin que porte la plaine
Jusqu’au bord des rives du temps
Attirés par l’eau des fontaines
Je regarde venir les éléphants

D’autres jouaient au casino
Sur des écrans, dans des grands livres
Ils décidaient du prix de l’eau,
Du temps qu’on a le droit de vivre

Mais la Bourse s’est effondrée
Les voilà qui traînent la cloche
Avec des dollars plein les poches
Et les enfants leur rient au nez

Aussi loin que porte la plaine
Jusqu’au bord des rives du temps
Attirés par l’eau des fontaines
Je regarde venir les éléphants

Il en est couleur d’ambre noire
Burinés par le poids des ans
Ils citent la voix des savants
Envolés au vent de l’Histoire

Personne ne veut plus les croire
Ils annonçent des temps nouveaux
Avec des mots qui sonnent faux
Comme les grelots d'une foire

Aussi loin que porte la plaine
Jusqu’au bord des rives du temps
Attirés par l’eau des fontaines
Je regarde venir les éléphants

Il en vient par cents et par milles
Des bords des mers, des champs, des villes
Les plus gros tirant des roulottes
Ou portant sur le dos des hottes

Ils tournent en rond dans le sable
A chaque tour leurs pas s’enterrent
Ils s’enfoncent dans la poussière
De ce désert irrémédiable

Aussi loin que porte la plaine
Jusqu’au bord des rives du temps
Attirés par l’eau des fontaines
Je regarde mourir les éléphants




mercredi 22 juin 2016

Nuits Blanches



Longues longues sont les nuits blanches
Et blanches sont les voix des songes
Les voix des anges au bout des branches
Au bout des remords qui les rongent

Les songes des nuits de mensonges
Au marigot des épouvantes
Quand le vent qui vient les évente
Les tourmente et puis les dérange

Où sont passées les voix des anges
Etourdies comme des mésanges
Quand vient le jour au bout des branches

Alors s’endorment les nuits blanches

mardi 21 juin 2016

Une noix


Une noix
Qu’y a-t-il au coeur d’une noix
Un cerveau de chair et de bois
Qui rève d’un monde en émoi

Des montagnes bleues, des vallées
Des jardins perdus, des allées
Et parmi les fruits et les branches
Des papillons-fleurs qui s’épanchent

Papillons d’un jour, d’un dimanche
Qu’y a-t-il sur leurs ailes blanches
Qu’on voit battre avant de mourir
Accouchant la nuit d’un soupir

Il y a le masque d’un visage
Celui d’un prince de Carthage
Un fou de guerre un diable d’homme
Qui voulait être roi de Rome

Dans ses yeux passe un long cortège
Grimpant des montagnes de neige
Sur des sentiers froids et glissants
Avec des hordes d’éléphants

Il a peur, il tient son destin
Serré dans le creux de son poing
Il vient de franchir l’Italie
Le monde lui paraît petit

Comme s’il tenait dans ses doigts
Une noix.