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dimanche 4 novembre 2012

J'ai tout essayé pourtant



J'ai pas su pousser le vent dans les voiles
Pas su m'accrocher à la bonne étoile
Toi tu cours et toi tu voles
Dans les airs tu caracoles
Pendant que je reste à quai cloué au sol


Tu m'avais promis la thune, la fortune
Des pluies d'or tombées d'un rayon de lune
Regarde : je gratte la terre
En été comme en hiver
Je n'y trouve que du sable et des pierres


J'ai tout essayé pourtant
J'ai suivi tes commandements
« J'achète, je trafique, je vends,
Je triche »

Au grand casino des riches
Ce qui est pris n'est plus à prendre
Mais j'ai fini par comprendre
On n'est pas faits pour s'entendre


Tu disais « chacun sur terre a son prix »
Et ceux qui voulaient te croire t'ont suivi
Pour une poignée de dollars
Offerts sur un coin de bar
J'en ai vus qui se jetaient dans ton lit


Tu disais : « Tout l'mond' fait ça, c'est la vie »
Moi la vie je l'avais crue plus jolie
Avec des coins de ciel bleu
Un banc pour les amoureux
Des petit riens qui ne sont rien  à tes yeux


J'ai tout essayé pourtant
J'ai suivi tes commandements
« J'achète, je trafique, je vends,
Je triche »

Au grand casino des riches
Ce qui est pris n'est plus à prendre
Mais j'ai fini par comprendre
On n'est pas faits pour s'entendre

« L'argent, l'argent, l'argent ... »
De partout on les entend
Ils répètent comme un mantra
Que ton règne arrivera 

Tu es le pire des amis, des amants
Tu trahis comme on respire et tu mens
Tu pourris ceux qui t'adorent
Tu les brûles, tu les dévores
C'est le prix qu'il faut payer pour ton or


Mais ton or, moi je m'en fous, pour quoi faire ?
Je ne crois plus aux marchands de chimères
Je m'en vais où va le vent
Libre comme un chien errant
Sans plus rien qui me retienne en arrière


J'ai tout essayé pourtant
J'ai suivi tes commandements
« J'achète, je trafique, je vends,
Je triche »

Au grand casino des riches
Ce qui est pris n'est plus à prendre
Mais j'ai fini par comprendre
On n'est pas faits pour s'entendre

Charles Valois 02/11/12

mardi 4 septembre 2012

Vent du Sud



Vent du sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Il vaguelette, il moutonne
Et sur son dos nu qui frissonne
Viennent se reposer les mouettes

Etourdies, troublées, surprises
D'être saisies en plein coeur
De la ville aux tempes grises
Qui traîne là ses langueurs

Vent du sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Quand il claque de la langue
Il se pense un goût salé

Il fait le vaste, il s'arrange
Se donne des horizons
Rève de pays d'oranges
De sable plus blanc que blond

Vent de folie
Vent du sud
Et vent de cheveux fouettés
Vent de regards balayés
Chassé par des branches lourdes

Le Rhône se prend pour le Rhône
Toujours même et toujours autre
D'une autre métamorphose
Tout il peut et tout il ose
Jusqu'au visage d'orage
Quand la colère le tourmente

Vent de folie
Vent du sud
Et presque vent d'épouvante
Tant, que ce vent vous égare
Tant, que la tête vous cogne
Comme au réveil de l'ivrogne
Etourdi par les lumières
Assourdi de cris, de rires
On demeure sans rien dire
Aggrippé au pont de pierre

Charles Valois 1983-2011

mardi 28 août 2012

Auprès de ma blonde



Il a fallu plus de cent ans
Pour que ma belle au bois dormant
Oublie l’espace d’un instant
Ses rêves de prince charmant

Moi qui ne suis ni chevalier errant
Ni troubadour, ni poète vraiment
Qu’avais-je de plus qu’un passant ?
Mais l’amour s’en allait chantant :

“ Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”
“ Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”

Qu'avais-je de plus qu'un passant
Trafiquant d'ombre et de lumière
Sur des chemins éblouissants
Quand le soleil tombe en poussière

Sur le miroir tranquille d'un étang
Elle aimait voir nager les cygnes blancs
En écoutant danser le vent
Dont l'écho s'en allait chantant :

 Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”
“ Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”
Mais l'écho s'est perdu pourtant
Dans le lointain de mes vingt ans
Et le tambour de Cupidon
Ne battait plus dans mes chansons

Et voilà qu’un gosse joufflu, têtu
Sans rien dire a remis la main dessus
Voilà que soudain deux passants
On repris la route en chantant

“ Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”
“ Auprès de ma blonde je m’endors
Je fais la nique à la mort ”
Charles Valois Août 2012

samedi 31 mars 2012

IL


Il est arrivé en ville
Par un soir du mois d'avril
Comme un émigrant d'exil
Comme un naufragé d'une île
Venu demander l'asile

IL
Dans ce bar de la presqu'île
Attablés sur des barils 
On écoutait des vinyles
Quand il est entré et qu'il

A
lancé des regards hostiles
Aux fâcheux, aux imbéciles

Puis
S'est trouvé un coin tranquille
Et m'observait de profil


IL
Pourquoi me regardait-il ?


IL
Au gré des heures qui défilent
Des verres de bière qui s'empilent
On s'est refait la compile
Des ses années difficiles
D'adolescent indocile

Il avait le regard fébrile
D'un chien pris dans un chenil
Et la marque indélébile
Celle des amours viriles



IL
Avait trafiqué en ville
L'amour et l'argent facile
Sans
Jamais renouer les fils
D'une histoire ou d'une idylle

IL
Pourquoi me regardait-il ?



IL
La nuit recouvrait la ville
On marchait dans la presqu'île
Mais il tombait du grésil
Sur les trottoirs et les tuiles
Etait-ce encore en avril ?

IL
Hésitait à faire le deal
Reprendre un chemin d'exile
Ou trouver enfin l'asile
Au bord d'une île ou d'un Il

IL
C'était un instant fragile
Comme un danseur sur un fill


Le temps demeure immobile
Coincé entre face et pile

IL
Pourquoi me regardait-il ?


CV 31Mars2012

samedi 18 février 2012

Schizofrère

Frère schizo, schizofrère
Quand nous avons brisé nos chaînes
Echappés du jardin d'Eden
Tous les anges du paradis
Nous ont maudits

Ils se cachaient dans les nuages
Pour mieux nous cracher au visage
Des insultes et des maléfices
Au nom du Père au nom du Fils

                 *

Frère schizo, schizofrère
Ils nous ont volé nos mystères
Quand nous rêvions le nez en l'air
En silence ils se sont glissés
Dans nos pensées


Ils ont cru avoir découvert
Les secrets de notre univers
Ils ont truffé de sentinelles
Les portes de nos citadelles

                *

Nous sommes faits du même sang
Des assassins des innocents
Nous sommes les fils de la lumière
Jetés à terre

Nous vivons sur d'autres planètes
Perchés sur le dos des comètes
Nous trouvons votre territoire
Un peu bizarre

         *

Frère schizo, schizofrère
Du fond de nos prisons de verre
Nous voyons le monde à l'envers
De l'autre côté d'un miroir
Repeint en noir


Ils ont voulu nous prendre au piège
Dans des cages, dans des manèges
Mais nous avons trouvé la schize
L'arme absolue, la faille exquise

                   *


Nous sommes faits du même sang
Des assassins des innocents
Nous sommes les fils de la lumière
Jetés à terre

Nous vivons sur d'autres planètes
Perchés sur le dos des comètes
Nous trouvons votre territoire
Un peu bizarre

CV fév 2012

lundi 6 février 2012

Je vous salue ma rue


Je vous salue ma rue par un matin d'automne
Quand on n'y croise encore personne
Que des femmes qui nettoient les couloirs du métro
Juste avant qu'on lève le rideau


Sur des histoires de loose, celles des enfants des villes,
Qui ne sont pas nés du bon côté
Qui vont trimer leur vie pour gagner des broutilles
Jour après jour, hiver, été

On les voit s'entasser dans les bus les métros
Sans un regard et sans un mot
Et sans autre horizon que de marcher courbés
Pour ne pas voir les hommes tomber

Tomber comme un chômeur ne croit plus en rien
Qui voudrait tant, qui voudrait bien
Tombés comme un faux-pas, comme le gosses des cités
Sur qui les murs se sont fermés

Je vous salue ma rue pleine de galères
Je vous salue ma rue pleine de galères
                   *           *
                         *

Je vous salue ma rue quand le jour disparaît
Sans un soupir sans un regret
Quand les chiens sans collier sortent de leur cachette
Poussés par la faim qui les guette

On voit les filles de joie sur un bout de trottoir
Attendre des amants d'un soir
On entend un ivrogne qui titube et qui tombe
En crachant des insultes au monde

C'est l'heure où les lascars marquent leur territoire
L'heure où s'écrivent les romans noirs
Sur le pavé des villes dans le fond des ruelles
Où les clochards traînent la gamelle

Quand dans les bidonvilles on éteint la lumière
Pour chasser le froid de l'hiver
Quand la nuit est venue sans apporter la paix
A ce petit peuple discret

Je vous salue ma rue pleine de misère
Je vous salue ma rue pleine de misère

                *            *
                      *

Je vous salue ma rue quand le printemps renait
Et qu'il prend des accents de mai
On se parle à nouveau on rouvre les fenêtres
On se tutoie sans se connaître

On se réveille enfin après un long silence,
Il flotte en l'air comme une urgence
Une rage venue des quartiers populaires
Qui couvait là sous la misère


Une envie de crier qu'on est encore vivant
Une envie d'aller de l'avant
Voilà que de partout ça court, ça se libère
On brandit des poings des bannières


Et tant pis pour les gaz et les canons à eau
Pour les chars ou les hélicos
Tant pis si ceux d'en face n'ont rien d'autre à répondre
Aux cris de la foule qui gronde

Je vous salue ma rue pleine de colère
Je vous salue ma rue pleine de colère



CV janv 2012