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mardi 13 décembre 2011

Rendez-vous


Rendez-vous rue du Cherche-Midi
A quatorze heures
Au café des amoureux transis
Près du marché aux fleurs
Quand ils m'ont vu tenir à la main
Le journal de demain
Je crois qu'ils m'ont pris pour un certain
Comte de Saint-Germain

Mais je ne peux remonter le flot
Ni du temps ni de l'eau
J'ai perdu ma lampe d'Aladin
Je ne suis plus magicien
Pour une petite fée Morgane
Qui me divague à l'âme
J'ai jeté les clefs de mon château
Je dors Pont Mirabeau


Et la nuit je vais jouer sous la lune
A chasser les étoiles
Le matin elles s'éteignent une à une
Et le ciel se dévoile
Tout le jour, je me perds dans la foule
Avec des inconnues
Seras-tu ma prochaine ingénue
Mon dernier rendez-vous


Rendez-vous rue du Cherche-Midi
A quatorze heures
C'est toujours rendez-vous tout à l'heure
Et c'est toujours ailleurs
C'est toujours la chanson des amours
A la saison des fleurs
Qui s'enfuit et après quoi je cours
Imprudent voyageur

CV 12.2011

lundi 31 octobre 2011

Le cimetière de Loyasse


Quand les fous, les huluberlus
Ceux qui traînent à travers les rues
Ne viendront plus à ma rencontre
Pour me chiper l'heure à ma montre
C'est que je serai bon pour la casse
Bon pour le cimetière de Loyasse

Quand la folle aux cheveux tordus
Qui cherche toujours une adresse
Avec son cabas décousu
Vient me raconter sa détresse

Je prends tout le temps nécessaire
Pour expliquer l'itinéraire
Elle m'écoute d'un air inquiet
En notant tout sur des tickets

Et sans prévenir elle se casse
Repasse sur le trottoir d'en face
Se perd au milieu des quidams
Au petit bonheur du macadam

Je suis le roi des barcarolles
Pour navigateurs sans boussole

Quand les paumés les farfelus
Ceux qui sont chez eux dans la rue
Ne viendront plus au dépourvu
S'accrocher à mon pardessus
C'est que je sera bon pour la casse
Bon pour le cimetière de Loyasse
            
            *                 *
                     *


Le raconteur de balivernes
Sur moi vient tester ses bobards
Qu'il vit au fond d'une caverne
Qu'il sort de taule ou d'un bouclard

Qu'il vient de perdre son argent
En jouant les bons samaritains
Pour sauver une vieille et son chien
Qui avaient glissé dans le courant

Et que si je ne crois pas son histoire
Il va m'en raconter une autre
Pourvu que je lui donne un pourboire
A sa santé et à la nôtre

Moi je suis toujours bon public
Je fais la claque. Et je m'explique :


Quand les clowns, les bonimenteurs
Les saltimbanques et les menteurs
Ne viendront plus jouer dans mes quilles
Comme si j'étais de leur famille
C'est que je serai bon pour la casse
Bon pour le cimetière de Loyasse

           *                 *
                     *
Dans un square à deux pas d'ici
J'ai mes quartiers l'après-midi
J'y viends dévorer des polars
Assis sur un banc à l'écart

Des enfants jouent à la marelle
Et quand parfois ils se bagarrent
Ils viennent à moi et m'accaparrent
Pour que je tranche leur querelle

Pour un conflit de territoire
Pour un nounours tombé malade
Un chagrin, une bousculade
Tout se règle dans mon prétoire


J'ai cette mission considérable
Faire la paix dans leur bac à sable


Mais quand les enfants des trottoirs
Ne croiront plus à mes pouvoirs
Que je connais le nom des sources
Que je sais soigner les nounours
C'est que je serai bon pour la casse
Bon pour le cimetière de Loyasse

Charles Valois 30.10.2011


dimanche 11 septembre 2011

Manolo


C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.
1
Les femmes dansent autour du feu
Et l’on voit briller dans leurs yeux
Une flamme,
Une flamme
Qui vient réveiller la nuit
C’est un peu d’espoir qui luit
Comme un vent de liberté
Volé
Volé

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo, Manolo


2
On entend un cri d’alarme
Quelqu’un vient prendre des armes
Une lame, une lame,
Cherche sa proie dans la nuit
A peine un éclair qui luit
Une ombre est tombée sans bruit
Ami ?
Ennemi ?

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.

3
Les enfants dorment près du feu
Les hommes s’éloignent un peu
Ils parlent
Ils parlent
De ton père emprisonné
Qu’il faut aller délivrer
Avant qu’il soit fusillé
“ Allez, venez... ”

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.

4
Les flammes meurent peu à peu
Les hommes sont rentrés chez eux
Une femme
Une femme
Serre son enfant dans ses bras
Et jure qu’elle vengera
Ce fils tué par les soldats
Pour toi
Pour toi

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.






Charles Valois Juil 1997

Une pluie de printemps



Une pluie de printemps
La noce est compromise
La météo fait des bêtises

Au lieu d'un grand soleil 
De Paris à Belgrade
Voilà qu'il tombe des hallebardes

Une pluie de printemps
Pense le paysan
C’est bon pour mes blés, pour mes champs

Ça fait pousser la mâche
Ça fait pisser les vaches
Et ça fait friser la moustache

Ça sent le bois mouillé
La terre détrempée
Les chaussettes au fond des souliers

Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier



Une pluie de printemps
La noce est toute grise
Elle se réfugie dans l’église

Où resté bien au sec
Un curé fort en bec
Les bras levés comme un Y grec

Leur dit : “  Cette pluie-là,
C’est Dieu qui nous l’envoie
Dieu qui nous connaît, qui nous voit

Pour qu’elle nous purifie
Qu’elle nous crucifie
Qu’elle nous ressuscite aussi

Qu’elle lave nos péchés
Qu’elle rince nos pensées
Qu’elle lessive nos cœurs blessés

Une pluie de printemps
C’est un second baptême
Que Dieu vous bénisse Amen


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

3
Une pluie de printemps
La noce se trémousse
Y'a ceux qui tirent et ceux qui poussent


Sitôt que la messe est dite,
Tout le monde veut prendre la fuite
Avant d'attraper une bronchite

Armée d'un parapluie,
La belle-mère en furie
Les ramène sur les parvis

Remontez illico
C'est l'heure de la photo
On n'est pas chez les parpaillots


On dirait la réplique
A l'opéra comique
Des naufragés du Titanic


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

4
Une pluie de printemps
La noce est en déroute
Tout le monde court à travers les gouttes

Le maris vient de paumer
Les clefs de la Cadillac
Ses lunettes sont au fond d'une flaque 
Perdant toute dignité
Se battent avec du riz mouillé

Le marié a paumé
Les clefs de la Cadillac
Ses lunettes sont au fond d'une flaque

La mariée dégouline
Depuis le temps qu'elle détrempe
Sa robe est devenue transparente

L'enfant de choeur est aux anges
Il n'est croit pas ses yeux
Il s'est remis à croire en Dieu


Le curé s'est torché
Au Lacrima Christi
Il ronfle au pied du crucifix


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

C.V.100589



MARIE-JEANNE EN SEPTEMBRE

Un homme mows une herbe avec une faux sur pré vert. Septembre, journée ensoleillée Banque d'images - 5064551



1
Marie-Jeanne s’endort dans l’herbe
Au soleil de septembre, au soleil de septembre
Elle a dégrafé son corsage
Un nuage
Ingénu
A tout vu

2
Puis elle s’est couchée dans l’herbe
Au soleil de septembre, au soleil de septembre
Voilà qu’elle fait un rêve étrange
Un bel ange
Presque nu
L'emporterait vers l’inconnu

3
Si loin de son petit coin d’herbe
Dans le ciel de septembre, dans le ciel de septembre
Et là, dans le creux d’un nuage
Il la serre
Il l'enlace
Il la caresse, il l'embrasse


4
Marie-Jeanne rêvait dans l’herbe
On dirait, c’est étrange, on dirait c’est étrange
Qu’elle en a fumé de l’herbe
Au soleil de septembre,
Marie-Jeanne en septembre

Charles Valois 1997-2011

Sans savoir pourquoi



Sans savoir pourquoi
Il a pris ce livre à peine entrouvert
Il l'a refermé. Il l'a repoussé.
Puis il s'est levé. Il a marché vers
La porte qui claque et par tous les temps
Le volet battant. Et il les a clos
Tiré les rideaux. Baissé la lumière
Eteint la radio. Fermé les paupières.
Sans savoir pourquoi.

Et soudain voilà.
Tout est revenu. Les jeux d'autrefois.
Courir dans les bois. L'eau de la rivière.
Comme elle était fraîche. Le son de sa voix
Comme elle était claire, ses éclats de rire,
Un ruisseau qui chante au milieu des pierres.
Le coeur qui chavire. Il voulait lui dire
Mais il n'osait pas. Sans savoir pourquoi.



Sans savoir pourquoi
Il a renversé ses livres par terre
Ca ne sert à rien. Les histoires des autres.
Quand on n'y croit pas, qu'on n'a plus la foi.
Qu'on se voit tout seul descendre aux enfers.
Sur les bords du fleuve. Il n'y a rien à faire.
Rien que cette eau noire qui coule en passant
Sous le Pont des Arts, le pont des amants
Sans savoir pourquoi.

Charles Valois 22 juil 2011


samedi 27 août 2011

Les 7 Commandements du Chat



Nous, chat plénipotentaire et siesteux
Décrétons ce qui suit et prend force de loi :

Article Premier
Tu tiendras pour sacré le repos du chartreux
Que rien ne doit troubler car tel est son bon droit

Article Second
S'il veut s'approprier un fauteuil, un coussin
Jamais tu ne viendras lui contester son bien

Article Tiers
Les portes du logis ne seront pas fermées
Car le chat en tout lieu doit pouvoir séjourner

Article Quart
Que toujours sa litière soit de prime fraîcheur
Sans agrégats suspects et sans troubles odeurs

Article Quint
Qu'il dispose à toute heure de mets de qualité
Et d'une belle eau claire dans un bol à côté

Article Sixte
Pour ses menus plaisir, tu voudras bien prévoir
Quelque jouet futile aussi bien qu'un grattoir

Article Septime
Toujours tu lui voueras tendresse et affection
Que, selon son humeur, il te rendra ou non.
*
Fait par nous en cet an de grâce et de paresse
Pour que nul n'en ignore et que rien ne transgresse

Signé : Le Chat

mardi 19 juillet 2011

Vent du Sud

Vent du sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Il vaguelette, il moutonne
Et sur son dos nu qui frissonne
Viennent se reposer les mouettes

Etourdies, troublées, surprises
D'être saisies en plein coeur
De la ville aux tempes grises
Pleine des sourdes rancœurs

Vent du sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Quand il claque de la langue
Il se pense un goût salé

Il fait le vaste, il s'arrange
Se donne des horizons
Rève de pays d'oranges
De sable plus blanc que blond

Vent de folie
Vent du sud
Et vent de cheveux fouettés
Vent de regards balayés
Chassé par des branches lourdes

Le Rhône se prend pour le Rhône
Toujours même et toujours autre
Au jeu des métamorphoses
Tout il peut et tout il ose
Jusqu'à au visage d'orage
Quand la colère le tourmente

Vent de folie
Vent du sud
Et presque vent d'épouvante
Tant, que ce vent vous égare
Tant, que la tête vous cogne
Comme au réveil d'un ivrogne
Etourdi par les lumières
Assourdi des cris, des rires
On demeure sans rien dire
Agrippé au pont de pierre

Charles Valois 1983-2011

samedi 2 juillet 2011

Les Histoires de Famille (chanson)

 Mon père était tueur à gages
Quand ma mère lui a dit : Dégage
Il lui a mis trois balles dans le buffet
Depuis y'a plus rien à bouffer

Les histoires de famille
Souvent ça part en vrille
Ca dépote ça dérouille
Ca attire les embrouilles
Et puis ça part en.......

Et puis ça part en douce
A la va comme j'te pousse


A l'enterrement de maman
Y'avait tous ses anciens amants
Tout le monde était un peu à cran
Ca s'est fini dans un bain de sang !

(Instrumental, thème  : les histoires de famille...)

           *        *
                *

Mon grand-père était militaire
Il avait profité de la guerre
Pour repeupler l'empire de France
De Saïgon à Fort de France

Les histoires de famille
Souvent ça part en vrille
Ca dépote ça dérouille
Ca attire les embrouilles
Et puis ça part en.......

Et puis ça part en douce
A la va comme je te pousse

L'été quand on part en vacances
Droit devant, au petit bonheur la chance
Dans chaque village ou chaque patelin
On tombe sur des nouveaux cousins
(Instrumental, thème  : les histoires de famille...)

              *       *
                  *

Ma soeur est devenue notaire
A la succcession du grand-père
On l'a laissée faire son business
Elle est partie avec la caisse

Les histoires de famille
Souvent ça part en vrille
Ca dépote ça dérouille
Ca attire les embrouilles
Et puis ça part en.......

Et puis ça part en douce
A la va comme je te pousse

On nous appelle les ripoteurs
On vit sur le dos des moldus
On arnaque les restos du coeur
On truande un peu la sécu

(Instrumental, thème  : les histoires de famille...)
           *      *
               *


Mon frère est devenu ma soeur
Il a fait le travail en douceur
D'un petit coup de bistouri
Il a changé d'état civil

Les histoires de famille
Souvent ça part en vrille
Ca dépote ça dérouille
Ca attire les embrouilles
Et puis ça part en.......

Et puis ça part en douce
A la va comme je te pousse

On sait plus quoi faire des enfants
Qu'ont plus de papa et deux mamans
Quand on téléphone à la DDASS
Ils nous font croire qu'ils ont plus de place

(Instrumental, thème  : les histoires de famille...)
            *         *
                 *
Mais moi j'ai jamais voulu ça
Je voulais pas finir comme papa
Je voulais pas finir comme Pépé
Ce que je voulais, c'est devenir curé !


Instrumental, thème : Les histoires de famille.....

                                                                                                  Charles Valois 2 Juillet 2011

dimanche 26 juin 2011

Omission


Pour qui a fait toutes ses classes
Chez les curés, ça laisse des traces
Un sens de la morale aigu
Le goût des raisonnements tordus


Car rien ne vaut les presbytères
Pour tout savoir des mots vulgaires
Apprendre les péchés capitaux
Et les chérir comme un credo


Autrefois c'était à l'armée
Que les jeunes allaient se débroussailler
Crapahuter par groupe de sept
Respirer l'odeur des chaussettes


Un jour une jeune recrue s'avance
Avec des objections de conscience
Il ne veut pas chanter de chants guerriers
Contre les viets et les niakoués


« Et ben t'iras moisir au trou »
Dit le capitaine «  pas de ça chez nous,
Tant que tu n'auras pas retrouvé le la
Tu resteras là ».

« J'ai pêché par omission »
Dit le troufion
« J'aurais du chanter la chanson »


Même quand on ne vient pas des faubourgs
C'est facile de virer voyou
Pour qui vit à l'heure des hiboux
Jamais couché avant le jour


Jamais levé avant la nuit.
Quand les chats sont d'humeur grivoise
Et qu'ils flairent l'odeur des souris,
Malheur à celui qui les croise


Sitôt défroqué du drapeau
Le v'là passé chez les barbeaux
Voilà qu'il traîne dans les bas-fond
Pour se refaire une éducation


Faut pas marcher dans la combine
Quand on n'est pas de la même usine.
Le coup a foiré. L'autre larron
A filé avec les bifetons


Celui qui se fait serrer par les schmits
C'est toujours celui qui court le moins vite
Au grand jeu du chacun pour soi
C'est pas les caves qui font la loi

« J'ai pêché par omission »
Dit le pigeon
« J'aurais mieux fait de garder la pognon »

Aux jeux de l'amour et du hasard
C'est les héros qui sont tricards
On a trente ans, on s'en croit vingt
On ne voit même plus passer les trains

On brûle sa vie par les deux bouts
Jamais deux nuits dans le même lit
Jamais le temps de faire son nid
Ni de se passer la corde au cou

Et puis un jour il tombe sur une
Qui a quelque chose dans le regard
Comme un oiseau dans un ciel bleu
Ou la nuit un rayon de lune

Il a dit oui sans y penser
Sans savoir ce qui allait se passer
Une fille ça s'accroche à son homme
Et puis un jour ça veut un môme


Oui, mais pas lui, c'est pas son heure
Il est parti comme un voleur
Laissant son bonheur derrière lui
Et des remords. Alors depuis,

« J'ai péche par omission »
Dit le garçon
« J'aurai du l'aimer pour de bon »


Charles Valois 26 juin 2011

mardi 21 juin 2011

Charles Valois: Venez voir passer la Gay Pride

Charles Valois: Venez voir passer la Gay Pride: "Aves des rires avec des larmes Venez voir passer la Gay Pride Mille neuf cent soixante neuf. Stonewall. Les flics veulent casser de la pé..."

lundi 20 juin 2011

Venez voir passer la Gay Pride



Aves des rires avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

Mille neuf cent soixante neuf. Stonewall.
Les flics veulent casser de la pédale
De travelo, du giton, de la gouine
Rien de bien méchant, c'est la routine

Ils étaient venus pour se défouler
Mais c'est eux qui vont dérouiller
A grands coups de talons aiguilles
Fallait pas embêter les filles

Cinq jours de révolte et de fête
Ne plus jamais baisser la tête
S'il n'y a que ça pour être entendu
On va faire du bruit dans la rue !

Avec des rires, avec des larmes
Regardez passer la Gay Pride

Les voilà les chars, les musiques
Les petits culs de toutes les couleurs
Les gogos, les cuirs, les gothiques
Les anges du porno amateur

Sur eux des canons crachent la mousse
Les minets dansent sur de la house
Pendant que de grands escogriffes
Remontent la rue d'un air lascif

Il a plu, les confettis mouillent
Et les plumes collent un peu aux fesses
D'autres vont parler à la presse : 
« C'était quoi le slogan du jour ? »

Avec des rires, avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

Des vieux attablés en terrasse
Se disent : « quand même ils nous les cassent »
Mais une mémé sur son balcon
Se lâche à fond sur du gros son

Des gosses écarquillent les mirettes
Des mamans avec des poussettes
S'arrêtent un instant : « tiens, regarde
Ca doit être la techno parade »


Plus loin des mous du salsifi
Ont déployé un calicot
Où on peut lire : « Non aux homos
Aberration ethnologique »

Avec des rires avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride


On emprisonne en Ouganda
Des gays sont pendus en Iran
Et lapidés au Nigéria
Condamnés à mort au Soudan


En France aussi on tue un peu
On agresse, on frappe, on insulte
Au nom du Père, au nom d'un dieu
Mais aujourd'hui la fête exulte


Y'a des sifflets y a des ballons
Et des gazelles en rose bonbon
Qui vont danser jusqu'au matin
S'aimer un peu dans tous les coins

Avec des rires, avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

C V 18 juin 2011

samedi 11 juin 2011

FAITS DIV'


1      Je fais dix vers
2          Un clochard mort en plein hiver
3              Sur un carton près d'une banque
4                 Un gosse trucidé par un branque
5                    Une vieille arrachée de son sac
6                        Jetée sur le trottoir, en vrac
7                          Une fille de huit ans prostituée
8                            Par des parents surendettés
9                              Dix petits vers et puis s'en fout
10                              C'est tout.

CV 11 Juin 2011

Je voudrais des choses ordinaires


« Tu me dis : Laisse un peu l'orchestre des tonnerres
Car par le temps qu'il fait il est de pauvres gens
Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires
Aimeraient des mots ordinaires
Qu'ils se puissent tout bas répéter en songeant »
Louis Aragon. Ce que dit Elsa

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tites misères
Du tout venant, du tout venu


Des enfants qui jouent dans la cour
Qui viennent à l'heure de la récré
Tracer des marelles à la craie
Et sauter dedans tour à tour

Une fenètre ouverte sur
Un coin de ciel au bout d'un toit
Un chat qui marche sur un mur
Un piaf qui crie à pleine voix


Je voudrais des choses ordinaires
Manger un goûter d'autrefois
Quatre carrés de chocolat
Plantés dans un pain de grand-mère

Et retrouver dans un cartable
Au milieu des livres d'école
Des cahiers rangés à la diable
Un sac de billes, un pot de colle

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tit's misères
Du tout venant, du tout venu

Oublier le temps des colères
Des défilés, des barricades
Des grafitis sur les façades
Ne plus crier. Ne pas se taire.

Ne pas dire bonjour à la dame
Tant qu'elle sera aussi méchante
Avec les fleurs de macadam
Qui hantent les rues adjacentes

Les filles de joie, les filles de fesse
Les clodos, les fous, les tchétchènes
Tous ceux qu'elle vomit de sa haine
En trottinant jusqu'à la messe

Préférer des gens ordinaires
Partager sur un coin de table
Le temps d'un poème ou d'un verre
L'instant qui passe insaisissable

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tit's misères
Du tout venant, du tout venu

Quand j'en aurai soupé des pignoufs
Des pisse-froid, des pouss'mégots
Des mythos, des rois de l'esbrouffe
Qui vous retournent le ciboulot

Quand j'aurai bien chauffé ma couenne
Sous leurs étés artificiels
Brûlé pour un coeur de pivoine
Et pleuré des amours virtuels

Je voudrais prendre un train d'hiver
Destination sans importance
Juste histoire de tenter ma chance
Au bout de ce chemin de fer.

Arriver par un matin clair
Au coeur d'une ville inconnue
Se dire qu'il y a tout à refaire
Et tourner au coin de la rue

Pour trouver des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs et des p'tit's misères
Et sourire au premier venu

C.V. 11 Juin 2011