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dimanche 26 juin 2011

Omission


Pour qui a fait toutes ses classes
Chez les curés, ça laisse des traces
Un sens de la morale aigu
Le goût des raisonnements tordus


Car rien ne vaut les presbytères
Pour tout savoir des mots vulgaires
Apprendre les péchés capitaux
Et les chérir comme un credo


Autrefois c'était à l'armée
Que les jeunes allaient se débroussailler
Crapahuter par groupe de sept
Respirer l'odeur des chaussettes


Un jour une jeune recrue s'avance
Avec des objections de conscience
Il ne veut pas chanter de chants guerriers
Contre les viets et les niakoués


« Et ben t'iras moisir au trou »
Dit le capitaine «  pas de ça chez nous,
Tant que tu n'auras pas retrouvé le la
Tu resteras là ».

« J'ai pêché par omission »
Dit le troufion
« J'aurais du chanter la chanson »


Même quand on ne vient pas des faubourgs
C'est facile de virer voyou
Pour qui vit à l'heure des hiboux
Jamais couché avant le jour


Jamais levé avant la nuit.
Quand les chats sont d'humeur grivoise
Et qu'ils flairent l'odeur des souris,
Malheur à celui qui les croise


Sitôt défroqué du drapeau
Le v'là passé chez les barbeaux
Voilà qu'il traîne dans les bas-fond
Pour se refaire une éducation


Faut pas marcher dans la combine
Quand on n'est pas de la même usine.
Le coup a foiré. L'autre larron
A filé avec les bifetons


Celui qui se fait serrer par les schmits
C'est toujours celui qui court le moins vite
Au grand jeu du chacun pour soi
C'est pas les caves qui font la loi

« J'ai pêché par omission »
Dit le pigeon
« J'aurais mieux fait de garder la pognon »

Aux jeux de l'amour et du hasard
C'est les héros qui sont tricards
On a trente ans, on s'en croit vingt
On ne voit même plus passer les trains

On brûle sa vie par les deux bouts
Jamais deux nuits dans le même lit
Jamais le temps de faire son nid
Ni de se passer la corde au cou

Et puis un jour il tombe sur une
Qui a quelque chose dans le regard
Comme un oiseau dans un ciel bleu
Ou la nuit un rayon de lune

Il a dit oui sans y penser
Sans savoir ce qui allait se passer
Une fille ça s'accroche à son homme
Et puis un jour ça veut un môme


Oui, mais pas lui, c'est pas son heure
Il est parti comme un voleur
Laissant son bonheur derrière lui
Et des remords. Alors depuis,

« J'ai péche par omission »
Dit le garçon
« J'aurai du l'aimer pour de bon »


Charles Valois 26 juin 2011

mardi 21 juin 2011

Charles Valois: Venez voir passer la Gay Pride

Charles Valois: Venez voir passer la Gay Pride: "Aves des rires avec des larmes Venez voir passer la Gay Pride Mille neuf cent soixante neuf. Stonewall. Les flics veulent casser de la pé..."

lundi 20 juin 2011

Venez voir passer la Gay Pride



Aves des rires avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

Mille neuf cent soixante neuf. Stonewall.
Les flics veulent casser de la pédale
De travelo, du giton, de la gouine
Rien de bien méchant, c'est la routine

Ils étaient venus pour se défouler
Mais c'est eux qui vont dérouiller
A grands coups de talons aiguilles
Fallait pas embêter les filles

Cinq jours de révolte et de fête
Ne plus jamais baisser la tête
S'il n'y a que ça pour être entendu
On va faire du bruit dans la rue !

Avec des rires, avec des larmes
Regardez passer la Gay Pride

Les voilà les chars, les musiques
Les petits culs de toutes les couleurs
Les gogos, les cuirs, les gothiques
Les anges du porno amateur

Sur eux des canons crachent la mousse
Les minets dansent sur de la house
Pendant que de grands escogriffes
Remontent la rue d'un air lascif

Il a plu, les confettis mouillent
Et les plumes collent un peu aux fesses
D'autres vont parler à la presse : 
« C'était quoi le slogan du jour ? »

Avec des rires, avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

Des vieux attablés en terrasse
Se disent : « quand même ils nous les cassent »
Mais une mémé sur son balcon
Se lâche à fond sur du gros son

Des gosses écarquillent les mirettes
Des mamans avec des poussettes
S'arrêtent un instant : « tiens, regarde
Ca doit être la techno parade »


Plus loin des mous du salsifi
Ont déployé un calicot
Où on peut lire : « Non aux homos
Aberration ethnologique »

Avec des rires avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride


On emprisonne en Ouganda
Des gays sont pendus en Iran
Et lapidés au Nigéria
Condamnés à mort au Soudan


En France aussi on tue un peu
On agresse, on frappe, on insulte
Au nom du Père, au nom d'un dieu
Mais aujourd'hui la fête exulte


Y'a des sifflets y a des ballons
Et des gazelles en rose bonbon
Qui vont danser jusqu'au matin
S'aimer un peu dans tous les coins

Avec des rires, avec des larmes
Venez voir passer la Gay Pride

C V 18 juin 2011

samedi 11 juin 2011

FAITS DIV'


1      Je fais dix vers
2          Un clochard mort en plein hiver
3              Sur un carton près d'une banque
4                 Un gosse trucidé par un branque
5                    Une vieille arrachée de son sac
6                        Jetée sur le trottoir, en vrac
7                          Une fille de huit ans prostituée
8                            Par des parents surendettés
9                              Dix petits vers et puis s'en fout
10                              C'est tout.

CV 11 Juin 2011

Je voudrais des choses ordinaires


« Tu me dis : Laisse un peu l'orchestre des tonnerres
Car par le temps qu'il fait il est de pauvres gens
Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires
Aimeraient des mots ordinaires
Qu'ils se puissent tout bas répéter en songeant »
Louis Aragon. Ce que dit Elsa

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tites misères
Du tout venant, du tout venu


Des enfants qui jouent dans la cour
Qui viennent à l'heure de la récré
Tracer des marelles à la craie
Et sauter dedans tour à tour

Une fenètre ouverte sur
Un coin de ciel au bout d'un toit
Un chat qui marche sur un mur
Un piaf qui crie à pleine voix


Je voudrais des choses ordinaires
Manger un goûter d'autrefois
Quatre carrés de chocolat
Plantés dans un pain de grand-mère

Et retrouver dans un cartable
Au milieu des livres d'école
Des cahiers rangés à la diable
Un sac de billes, un pot de colle

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tit's misères
Du tout venant, du tout venu

Oublier le temps des colères
Des défilés, des barricades
Des grafitis sur les façades
Ne plus crier. Ne pas se taire.

Ne pas dire bonjour à la dame
Tant qu'elle sera aussi méchante
Avec les fleurs de macadam
Qui hantent les rues adjacentes

Les filles de joie, les filles de fesse
Les clodos, les fous, les tchétchènes
Tous ceux qu'elle vomit de sa haine
En trottinant jusqu'à la messe

Préférer des gens ordinaires
Partager sur un coin de table
Le temps d'un poème ou d'un verre
L'instant qui passe insaisissable

Je voudrais des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs des p'tit's misères
Du tout venant, du tout venu

Quand j'en aurai soupé des pignoufs
Des pisse-froid, des pouss'mégots
Des mythos, des rois de l'esbrouffe
Qui vous retournent le ciboulot

Quand j'aurai bien chauffé ma couenne
Sous leurs étés artificiels
Brûlé pour un coeur de pivoine
Et pleuré des amours virtuels

Je voudrais prendre un train d'hiver
Destination sans importance
Juste histoire de tenter ma chance
Au bout de ce chemin de fer.

Arriver par un matin clair
Au coeur d'une ville inconnue
Se dire qu'il y a tout à refaire
Et tourner au coin de la rue

Pour trouver des choses ordinaires
Des trésors comme on n'en fait plus
Des p'tits bonheurs et des p'tit's misères
Et sourire au premier venu

C.V. 11 Juin 2011