Pour qui a fait toutes ses classes
Chez les curés, ça laisse des traces
Un sens de la morale aigu
Le goût des raisonnements tordus
Car rien ne vaut les presbytères
Pour tout savoir des mots vulgaires
Apprendre les péchés capitaux
Et les chérir comme un credo
Autrefois c'était à l'armée
Que les jeunes allaient se débroussailler
Crapahuter par groupe de sept
Respirer l'odeur des chaussettes
Un jour une jeune recrue s'avance
Avec des objections de conscience
Il ne veut pas chanter de chants guerriers
Contre les viets et les niakoués
« Et ben t'iras moisir au trou »
Dit le capitaine « pas de ça chez nous,
Tant que tu n'auras pas retrouvé le la
Tu resteras là ».
« J'ai pêché par omission »
Dit le troufion
« J'aurais du chanter la chanson »
Même quand on ne vient pas des faubourgs
C'est facile de virer voyou
Pour qui vit à l'heure des hiboux
Jamais couché avant le jour
Jamais levé avant la nuit.
Quand les chats sont d'humeur grivoise
Et qu'ils flairent l'odeur des souris,
Malheur à celui qui les croise
Sitôt défroqué du drapeau
Le v'là passé chez les barbeaux
Voilà qu'il traîne dans les bas-fond
Pour se refaire une éducation
Faut pas marcher dans la combine
Quand on n'est pas de la même usine.
Le coup a foiré. L'autre larron
A filé avec les bifetons
Celui qui se fait serrer par les schmits
C'est toujours celui qui court le moins vite
Au grand jeu du chacun pour soi
C'est pas les caves qui font la loi
« J'ai pêché par omission »
Dit le pigeon
« J'aurais mieux fait de garder la pognon »
Aux jeux de l'amour et du hasard
C'est les héros qui sont tricards
On a trente ans, on s'en croit vingt
On ne voit même plus passer les trains
On brûle sa vie par les deux bouts
Jamais deux nuits dans le même lit
Jamais le temps de faire son nid
Ni de se passer la corde au cou
Et puis un jour il tombe sur une
Qui a quelque chose dans le regard
Comme un oiseau dans un ciel bleu
Ou la nuit un rayon de lune
Il a dit oui sans y penser
Sans savoir ce qui allait se passer
Une fille ça s'accroche à son homme
Et puis un jour ça veut un môme
Oui, mais pas lui, c'est pas son heure
Il est parti comme un voleur
Laissant son bonheur derrière lui
Et des remords. Alors depuis,
« J'ai péche par omission »
Dit le garçon
« J'aurai du l'aimer pour de bon »
Charles Valois 26 juin 2011