D’abord ce sont les oiseaux
Qui vont se décrocher du ciel.
Dans un fracas de plumes,
Ils vont rompre leurs ailes,
Et chuter comme des enclumes,
En laissant sur le ciel d’azur,
De longues griffures.
Puis le ciel, à son tour, va trembler.
Vaciller.
Comme un glacier se désagrège,
Entraîné par le poids des neiges.
Comme une vague s’écroule sur le dos d’un rocher.
Comme un bateau se noie dans un bouillon d’écume,
Se suicide et se tait.
Englouti à jamais.
Alors dans la chambre d’azur,
Le papier peint va s’écorcher du mur.
Celui avec la mer, le ciel et les oiseaux,
Celui avec les bateaux.
Par petites touches de plâtre d’abord,
Aux quatre coins des commissures.
Puis par lambeaux entiers,
Par panneaux.
De plus en plus hauts,
De plus en plus larges.
Par feuilles arrachées,
Déchirées, retournées,
Jusqu’aux marges
Effondrées.
Et les murs, à leur tour, emportés,
Vont tomber.
Des pans de murs,
Tomber.
Il n’y aura bientôt plus,
Qu’un amas de terre,
Là où la ville aura vécu.
Les gravas de briques premières,
Les débris de meubles et d’immeubles,
Les os tordus des salles de bains,
Les ruines d’un hôtel ancien,
Rien,
Il ne restera rien.
Qu’un souffle qui murmure encore,
Six pieds plus bas sous la poussière,
Dans les caves et dans les carrières,
Là où la nuit sans fin s’endort.
Des hommes chassés de la ville,
Ce sera le dernier asile.
Ils vivront là, tapis dans l’ombre,
En troglodytes. Comme des rats dans les décombres.
Des femmes berceront des enfants
En leur chantant des chants d’espoir, des chants d’avant.
Des filles berceront des poupées,
En refaisant les mêmes gestes que leurs aînées.
Avant de s’endormir dans un soupir,
En rêver d‘oiseaux et d’azur,
De bateaux, de villes et de ports. Et d’aventure.
Mais ces temps-là sont bien finis.
Le monde qu’elles ont à bâtir
N’est pas d'ici.
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